Les poux ... (Dossier pratique du lab. Animaderm)
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Les poux ... (Dossier pratique du lab. Animaderm)
LES POUX
Les poux
Posté le : 28 avril 2014
LE PRINTEMPS REVIENT, ET AVEC LUI LES INSECTES ET… LES GRATTAGES. CEPENDANT, EN CE DÉBUT DE PRINTEMPS, D’AUTRES MAUX D’HIVER FONT ENCORE LEUR APPARITION, POUVANT PORTER À CONFUSION AVEC LES DERMITES ESTIVALES.. L’UN D’ENTRE D’EUX, PARTICULIÈREMENT FRÉQUENT CETTE ANNÉE APRÈS UN HIVER DOUX ET HUMIDE, EST LA PHTIRIOSE, C’EST-À-DIRE UNE INFESTATION PAR LES POUX…
Les poux : Rien qu’à entendre prononcer ce mot, on en frémit, que ce soit dans les écoles ou les écuries. En cause, la pénible perspective d’un protocole de désinfestation plutôt lourd. Mais aussi parce que le pou véhicule une image péjorative de mauvaise hygiène, de mauvaise condition physique. En bref, une infestation par les poux, c’est un peu la honte… c’est pourtant une dermatose très fréquente, et une des principales cause de prurit en hiver et au début du printemps.
S’il est vrai que les chevaux affaiblis, malnutris sont une cible de choix pour ces petites bêtes, cela ne signifie pas que tous les chevaux infestés soient mal entretenus.. ou inversement, qu’un cheval sain et à l’hygiène parfaite ne sera pas concerné. Un système immunitaire affaibli, suite à un stress, à une corticothérapie ou une antibiothérapie prolongée, offre un terrain favorable. La présence de parasites intestinaux également. A vrai dire, le pou peut être partout, en particulier à l’issue de l’hiver, profitant du cheval aux poils encore longs ou équipé d’une couverture qui lui offre ainsi gîte et couvert.
Les poux affectionnent les conditions de chaleur douces : en dessous de 28°C, leurs œufs n’éclosent pas, et les adultes cessent de se reproduire à des températures > 38°C, et meurent au-delà de 50°C.
Les symptômes
L’infestation peut être asymptomatique, mais elle est le plus souvent associée à un prurit plus ou moins intense et des desquamations (pellicules). Le cheval se gratte, se mord, et des zones dépilées irrégulières et diffuses apparaissent rapidement. On peut observer la présence de nombreuses pellicules, de plaies et de zones inflammées. Le poil devient terne, et on observe souvent une perte d’état général. Une allergie à la salive et aux fèces des parasites peut aggraver les symptômes.
Les coupables
On distingue deux grands types de poux : les poux broyeurs ou mallophages (Bovicola ou Damalinia equi), se nourrissant de cellules mortes et de sébum, et les poux piqueurs (Haemotopinus asini), hématophages.
Il est important de différencier les poux piqueurs des poux broyeurs, afin de mettre en place une thérapeutique appropriée. De par leur mode de vie et leur alimentation, ces deux types de parasite auront en effet des sensibilités différentes aux molécules et au mode d’administration utilisées pour les éradiquer.
Les deux espèces se distinguent par leur anatomie, et leur mode de vie :
- les poux broyeurs : d’une longueur de 2mm, ils présentent une couleur beige clair avec des bandes transversales foncées. Leur tête brun-orange est plus large que le thorax, et aussi large que l’abdomen. Elle est équipée de mandibules adaptées au broyage des particules de peaux mortes, des poils, et parfois de la peau saine. Ils peuvent survivre plusieurs jours (2 semaines) dans la nature.
Les zones les plus fréquemment affectées sont la tête, les oreilles, la nuque, le dos, les flancs et la base de la queue. Leur infestation est généralement moins massive qu’avec les poux piqueurs, et ils se déplacent relativement rapidement, rendant leur identification plus difficile. Leur présence peut cependant être trahie par la présence de lentes solidement arrimées à la base des poils. Les lentes ressemblent à de petits sacs blanchâtres solidement accrochés aux crins.
- les poux piqueurs : un peu plus grand que les poux broyeurs (3 à 4mm), ils sont pourvus d’une tête étroite, adaptée pour s’ancrer dans la peau. Les poux piqueurs ont tendance à se rassembler à la racine des crins, au niveau de la crinière et de la queue, mais aussi sur l’intérieure des cuisses et les pâturons. Le prurit violent au niveau de la queue peut faire penser à une attaque d’oxyures. Ils se déplacent peu et lentement, fuyant la lumière directe et la chaleur d’une exposition solaire. Les adultes survivent peu de temps loin de leur hôte à (4 à 7 jours). C’est la moins fréquente des infestations de poux, mais la plus préoccupante cliniquement. Non traités, elle peut être à l’origine d’anémie, de perte de poids, d’un poil mité et ralentir la croissance des plus jeunes.
Les poux piqueurs adultes sont de couleur plus foncée (brun, voire bleu-noir si gorgés de sang) que les poux broyeurs, et peuvent être observés à la racine des crins.
Confusions possibles :
La phtiriose peut être confondue avec:
une dermite estivale (DERE): notamment dans le cas d’une phtiriose à poux hématophages. Les deux affections se caractérisent par un prurit souvent localisé, affectant notamment les régions de la crinière et la queue. Elles se distinguent cependant l’une de l’autre par :
- leur saisonnalité, la DERE sévissant du printemps à l’automne, tandis que les phtirioses surviennent plutôt de l’hiver au printemps.
- leur contagiosité : La DERE n’est pas contagieuse, contrairement à la phtiriose.
- l’évolution de l’état général de l’équidé atteint : dans le cas d’une phtiriose à poux hématophage, une perte d’état général et un poil globalement terne est rapidement observé.
- présence de fines pellicules abondantes dans le cas de la phtiriose
- la localisation et l’étendue des lésions : dans le cas d’une phtiriose à poux mallophages, les régions atteintes sont le garrot, le dos, les flancs, l’encolure. De Façon générale, les lésions provoquées par une phtiriose ont un caractère plus diffus, au poil clairsemé, piqué, et sont de contour irrégulier. Dans les cas de DERE, les lésions de grattage sont plus étendues et plus nettes.
une dermatophytose (teigne): contrairement aux dermatophytoses (lésions de contours nets), les poux provoquent des zones dépilées diffuses et de formes irrégulières.
une gale chorioptique, ou gale des pâturons : tout comme les gales d’acariens, les phtirioses sont contagieuses, et génèrent un prurit d’intensité variable. La présence de pellicules en abondance est un autre point commun. La gale chorioptique affecte en premier lieu les pâturons, avec extension possible jusqu’au jarret, et peut être confondue avec une phtiriose à poux hématophages. Les acariens ou leurs pontes n’étant pas visibles à l’œil nu, l’observation directe de parasite ou de lentes permet d’orienter sans équivoque le diagnostic vers une phtiriose.
une gale psoroptique : aussi connue sous le terme de gale des crins ou encore des oreilles, les lésions se situent généralement au niveau de l’encolure (en particulier à la base du toupet et du garrot) et de la base de la queue. Dans certains cas, les lésions peuvent s’étendre à l’encolure, au tronc et à la croupe. Un prurit important est observé, et comme les phtirioses, la gale psoroptique est contagieuse. Cette affection se différencie des autres par la présence de croutes « humides », avec un exsudat marqué.
une oxyurose : les oxyures sont des parasites internes qui pondent leurs œufs dans la région entourant l’anus. Ces masses d’œufs vont provoquer une irritation cutanée et entrainer un prurit au niveau de la région anale et de la base de la queue, qui peut perdurer jusqu’à 2 semaines après le traitement anthelminthique. La présence d’amas de couleur ocre sur le pourtour de l’anus est caractéristique de l’oxyurose.
Dans tous les cas, la présence des parasites et de leurs lentes est sans équivoque. Les lentes peuvent être confondues avec des pellicules. Ces dernières se détachent facilement, alors que les lentes restent fermement arrimées à la base des poils et des crins. L’éclairage des lésions à l’aide d’une torche peut faciliter leur visualisation, mettant en évidence leur couleur blanchâtre. La recherche peut également se faire à l’aide d’un peigne très fin.
Les traitements
Le traitement repose sur l’application d’insecticides directement sur la peau. A l’heure actuelle, un seul produit produit vétérinaire à usage externe dispose d’AMM pour le traitement des gales ou phtirioses équines : le sebacil. Cependant, un certain nombre de substances disposant d’une AMM pour d’autres espèces sont communément utilisées. Leur utilisation chez les équins relève de la responsabilité du vétérinaire prescripteur.
- Sebacil ® 50% solution: la substance active est le phoxim (organophosphoré). Le produit se présente sous la forme d’une solution à diluer et à utiliser en pulvérisation, où à l’aide d’une éponge imbibée. A noter qu’il existe également une version « pour-on » (Sebacil 7.5% POUR ON), mais qui ne dispose que d’une AMM pour les porcins.
- Acadrex 60® : solution à diluer et à utiliser en pulvérisation, où à l’aide d’une éponge imbibée. La molécule active est le Fenvalérate (pyréthrinoïde). Ce produit dispose d’une AMM pour les bovins uniquement. Disponible uniquement sur ordonnance.
- Dimpygal® : solution à diluer et à utiliser en pulvérisation, où à l’aide d’une éponge imbibée. La molécule active et le dimpylate (organophosphoré). Ce produit dispose d’une AMM pour les bovins, les caprins, les ovins, les porcins et les chiens. Son utilisation sur les femelles gestantes ou allaitantes, ou encore sur les jeunes individus est déconseillée. Disponible uniquement sur ordonnance.
- La deltaméthrine (Butox®, Versatrine ®) : Ces produits disposent d’une AMM pour les bovins et les ovins. Produits de type « pour-on » (Butox® 7.5, Versatrine®) (application du produit non dilué le long de la ligne du dos). Existe en solution à diluer (Butox® 50 pour mille) et à utiliser en pulvérisation, où à l’aide d’une éponge imbibée. L'innocuité de la deltaméthrine n'a pas été établie en cas de gravidité ou de lactation. L’usage de ces produits sur des femelles gestantes ou allaitantes est déconseillée. Ne pas associer à d’autres insecticides (risque d’abaissement du seuil de toxicité de la molécule). Disponible uniquement sur ordonnance.
- l’ivermectine (Ivomec®) : sous forme injectable ou « pour on ». Ce produit dispose d’une AMM pour les bovins, les ovins et les porcins.
Certains traitements se présentent sous forme de traitement général par injection. La molécule active est ainsi véhiculée dans le sang pour une action généralisée. A ce jour, aucun ne dispose d’AMM pour les équins. D’autre part, ce type de produit n’est vraiment efficace qu’en cas d’infestation par des poux piqueurs, ceux-ci se nourrissant de sang. Elle n’est que très partiellement efficace contre les poux mallophages, ne permettant de ce fait leur éradication totale.
A noter que l’ivermectine est utilisée comme molécule active dans certains vermifuges anthelminthiques disposant d’une AMM équin (Eqvalan®, Equimax, Eraquell, Hippomectin, Bimectine, Divamectin..). L’utilisation de ces vermifuges peut être intéressante dans le cas d’infestation par poux piqueurs.
Quel que soit le produit utilisé, il faut savoir que le traitement n’est efficace que sur les adultes, et sans effet sur les œufs. Il est donc primordial de répéter le traitement de façon hebdomadaire, sur une période de 3 semaines, afin d’éradiquer la totalité des parasites.
La prévention
Les phtyrioses sont des affections contagieuses. Les poux se transmettent par contact direct entre deux équidés, mais aussi par contact indirect, via matériel de pansage, couverture et autre équipement. Il convient donc de respecter certaines règles afin de limiter sa propagation :
- le cheval atteint doit être isolé de ses congénères. Si le cheval vit en troupeau, il faudra traiter l’ensemble des équidés présents.
- le matériel de pansage, les couvertures, tapis et harnachement doivent être désinfectés, ainsi que les box et abris.
- bien que les poux ne se transmettent pas à l’homme, ils peuvent néanmoins s’en servir de vecteur temporaire pour contaminer d’autres équidés. Eviter les contacts avec des équidés sains après s’être occupé de sujets infestés. Occupez-vous des chevaux indemnes en premier, et finissez par ceux atteints.
Ils peuvent survivre une semaine à l’écart du cheval, ce qui veut dire qu’ils peuvent le loger dans le matériel de pansage et passer ainsi très facilement d’un cheval à l’autre. Ils vivent pendant un mois environ, pendant lequel ils pondent des œufs (« lentes ») très résistants qui s’accrochent aux poils et éclosent au bout de 6 jours : il est donc impératif de traiter le cheval suffisamment longtemps, même après la disparition des adultes.
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