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Les insectes qui attaquent les chevaux ... (Par Alain-Michel BEA)

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Message par Jean Ven 10 Avr 2015, 06:45

Les insectes qui attaquent les chevaux
Par Alain-Michel Bea*.


Le problème des insectes piqueurs se pose essentiellement en période estivale, mais parfois dès la fin du printemps lorsque les températures sont élevées, comme c'est le cas cette année.
Connaître les différents insectes qui attaquent les chevaux et leur mode d'action est déjà un moyen de prévenir et de limiter leurs méfaits.
Où et quand ?
Les chevaux sont harcelés dès que la température devient plus clémente, du printemps jusqu’aux premières fraîcheurs de l'automne. Mais nous savons tous que c'est pendant l'été que les insectes sont les plus virulents.
Les insectes se font plus agressifs par temps lourds et orageux, et d'une manière générale à la tombée de la nuit. Ils sévissent dans toutes les régions de France.

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Mouches ...© L.Bataille

En revanche, on remarque que les insectes sont moins actifs en montagne où l'air circule mieux, et où les températures sont plus fraîches, notamment la nuit.
A l’inverse, les insectes sont souvent très actifs en bord de mer.
Les insectes s'attaquent particulièrement à la tête des chevaux, notamment autour des yeux autour desquels ils s'accumulent. Ils piquent également l’intérieur des cuisses, des oreilles, et stagnent particulièrement sur le contour de l’anus, de la vulve et du fourreau. Ce sont essentiellement les insectes volants -que nous regroupons sous le vocable générale de "mouches" qui créent des soucis aux chevaux...et aux cavaliers. Ce sont des ectoparasites (parasites externes). Les femelles sont dites hématophages : elles piquent pour consomment le sang de l'animal. Elles se posent sur la peau des chevaux, et piquent en injectant une enzyme qui empêche la plaie de se refermer.

«Les mouches piquent les chevaux en injectant une enzyme qui empêche la plaie de se refermer»

Les insectes ont une action "irritante" tant physique que psychologique. Ils piquent la peau, et sucent les tumeurs causées par leurs attaques, principalement sur les plaies qui sont ainsi beaucoup plus longues à guérir (d'où l'ancienne expression hippologique de "plaies d'été". Sur le plan psychologique, les attaques incessantes des insectes induisent une lassitude morale, une fatigue dûe aux incessants mouvements que le cheval effectue pour essayer de chasser les intrus, et aussi parfois des réactions imprévisibles et violentes.

Les différents insectes

Les mouches plates

Lorsque la température extérieure monte, les mouches que nous appelons familièrement "plates" sortent. Ce sont des insectes de la famille des Hippoboscoidea, ils volent assez peu. Mais, lorsqu’ils s'installent sur les chevaux, et sont difficiles à retirer. Elles infligent aux animaux de véritables morsures, qui provoquent de vives douleurs. D’où les réactions, parfois violentes, des chevaux, réactions particulièrement redoutées des cochers d'autrefois et des meneurs d'aujourd'hui.

Moucherons et moustiques

D’autres insectes volants agacent également les chevaux, notamment par temps chaud et orageux. Ce sont les moustiques et moucherons, dont il existe plusieurs milliers d’espèces.

Les Moucherons appartiennent comme les mouches à la famille des diptères, et sont de petite taille. Leurs piqûres provoquent des prurits. Les piqûres de moustiques peuvent également provoquer allergies ou transmettre des maladies, comme la fièvre du Nil occidental (virus "West Nile") qui engendre des troubles neurologiques.

De leur côté, les mouches dites gastérophiques produisent des larves. On peut voir des grappes de ces petits œufs jaunes sur les membres des chevaux en été. En se les léchant, ils ingèrent les larves.

Certains moucherons sont craints pour leur pouvoir allergisant. C'est le cas des culicoïdes, responsables de la fameuse dermite estivale récidivante. (voir CS n°11 La dermite estivale (I) et n°12 La dermite estivale (II/II) )

L'on peut également, l'été, voir des taons rôder autour des chevaux. Ils agissent uniquement pendant la journée. Ils peuvent transmettre aux chevaux des micro-organises (virus ou bactéries) des protozoaires et des larves d'helminthes (vers).

Bourdons, guêpes et frelons

Les bourdons, qui volent aux mêmes époques, n'appartiennent pas à la famille des mouches, moucherons et autres moustiques, mais à la famille Hyménoptères, qui comprend également les frelons, guêpes et abeilles. En général, ces insectes sont très peu agressifs envers les chevaux, qu'ils ne piquent que s’ils se sentent menacés. En revanche, leurs attaquent peuvent être être violents et très douloureuses, et provoquer des œdèmes plus ou moins sévères, sans compter le risque de choc anaphylactique comme qui peuvent se produire chez l'homme.

La chaleur attire les poux !

Bien que n'appartenant pas à la classe des insectes, disons un mot des poux et des tiques, qui sont des acariens mais constituent également des parasites sévissant en période estivale.

La chaleur attire les poux. Chaque espèce de mammifère a les siens. Ceux des chevaux sont des poux du type piqueurs (Bovicola equi) ou du type suceur (Haematopinus asini). Ils sont faciles à repérer, avec leurs œufs blancs et luisants, les lentes. Si l’on enraye rapidement leur invasion, les dégâts qu’ils provoquent sont sans gravité, mais si le cheval n'est pas diligemment débarrassé de ses intrus, on peut assister à des pertes de crins allant jusquà l'alopécie sévère.

La tique est également un acarien. On en dénombre plus de six cents espèces. Celle qui mord les chevaux est exophile, c’est-à-dire qu’elle vit à l’extérieur, dans les bois et les prairies, élisant spécialement domicile dans les zones broussailleuses et sèches. Avec leur rostre elles piquent dès le début du printemps, et pendant tout l'été et le début de l'automme.

La morsure de tique est pathogène, pouvant induire des infections, des allergies, ou des maladies parasitaires, notamment la célèbre piroplasmose (ou babésiose équine)qui entraîne une anémie de et des dysfonctionnements hépatiques et rénaux.

*Alain-Michel Bea est entomologiste, et s’est perfectionné auprès du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

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Message par Jean Ven 10 Avr 2015, 07:06

Culicoïde, qui es tu ?



Par Alain-Michel Bea*, entomologiste.

Un des agents responsables de la dermite estivale récidivante chez le cheval est le culicoïde. Ce genre est responsable également de certaines autres pathologies comme l'encéphalite équine ou la fameuse maladie de la langue bleue chez les bovins.

Le genre Culicoides qui fut découvert par Latreille en 1809, compte certaines espèces qui sont porteuses d'agents pathogènes, pour les animaux. Les culicoïdes appartiennent à la sous-famille des Cératopogonidés) appartenant à l'ordre des Diptères. Cette famille est riche de plus de 1300 espèces et, avec une taille variant de 0,8 à 3 mm ils comptent parmi les plus petits des diptères piqueurs !

Les culicoïdes sont hématophages (ils se nourrissant de sang frais). ils s'en prennent selon les espèces aux différents mammifères dont l'homme, mais aussi aux oiseaux, reptiles, et aux batraciens ou voire quelquefois d'autres insectes. La victime se rend rarement compte de sa présence avant qu'il n'ait commencé son repas de vampire. Il s'agit de la fièvre catarrhale ovine, et de la peste équine, cette dernière maladie provoquant des symptômes hémorragiques chez les cervidés, et de la très grave encéphalite équine. Ils transmettent également des parasites d'importance vétérinaire, comme des hémoparasites (Haemoproteus sp. chez les oiseaux ; Hepatocystis kochi chez les singes) et des filaires (Onchocerca sp. chez les chevaux et les bovins). Sa piqûre qui donne une sensation de brûlure lui a mérité le nom de « brûlot » par nos voisins Canadiens français. En France, ils sont parfois dénommés par erreur "aoûtats". Ils portent beaucoup de surnoms, en occitan (par exemple) dans le Sud de la France ("arabis", "alambis"), en anglais (punkies, no-see-ums, sand-flies, midges).

«Les larves de Culicoïdes sont présentes dans une vaste gamme d'habitats humides, habituellement au milieu d'une végétation en décomposition»


La famille des Cératopogonidae est, la plus grande et la moins connue des familles de diptères hématophages. Toutefois, à l'exception de quelques espèces de Leptoconops, ces espèces de cératopogonides, qui s'attaquent aux êtres humains et au bétail, appartiennent toutes au genre Culicoidae. On connaît plus d'une 50 d'espèces de ce genre, et la plupart d'entre elles se nourrissent du sang des mammifères ou des oiseaux, mais quelques-unes attaquent exclusivement les reptiles ou les amphibiens.

Les larves de Culicoïdes sont minuscules, et il est difficile de les repérer, bien qu'elles soient présentes dans une vaste gamme d'habitats humides, habituellement au milieu d'une végétation en décomposition. Les larves se nourrissent de matières végétales telles que les algues, les champignons ou les spores de champignon ou bien sont carnivores. Les insectes carnivores ont une tête pointue dont ils se servent pour pénétrer à l'intérieur des larves d'insectes de plus grande taille. Les herbivores choisissent en général des habitats humides terrestres, comme l'intérieur de l'écorce des arbres morts. Les carnivores sont des insectes aquatiques ou terricoles. Les larves de Leptoconops, dont les habitudes alimentaires restent inconnues, ont été repérées à plusieurs centimètres de profondeur dans les plages de sable.

Dans les provinces de l'Atlantique, la présence de Culicoides sanguisuga et d'autres espèces rendent le camping intolérable dans les régions boisées à la fin de juin et en juillet. Dans les régions maritimes, au voisinage des marais salés côtiers, Culicoides furens peuvent être abondants, sans être aussi nuisible que Culicoides occidentalis qui serait le principal vecteur du virus à l'origine de la maladie virale plus connue sous le non de la langue bleue qui affecte le bétail.
La majeure partie d'entre elles vivent en Afrique pour Culicoides austeni, et pour nos régions Culicoides nebeculosus qui n'attaque que les chevaux ; on le rencontre en Grande Bretagne et sûrement en Europe mais il n'y pas de données précises.

*Alain-Michel Bea est entomologiste, et s’est perfectionné auprès du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

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Message par Jean Ven 10 Avr 2015, 07:08

L'histamine libérée par la salive du moustique

La réaction d’hypersensibilité immédiate faisant intervenir les mastocytes bourrés d’histamine et les IgE histaminolibératrices a été décrite par le Dr Jacques Laurent dans un article précèdant à propos du cheval Curly (Voir Cheval Savoir N°Cool. Le lecteur intéressé pourra s’y reporter, en sachant que la protéine allergisante de la peau du cheval est, dans ce cas de figure-ci, remplacée par la protéine allergisante de la salive du moustique, et que l’histamine libérée agit non pas au niveau de fibres musculaires lisses, mais au niveau de certaines terminaisons nerveuses de la peau du cheval auxquelles elle se lie.

Le nerf ainsi stimulé génère une information que le cerveau intègre comme prurit et dont la réponse adaptée est le grattage.

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Message par Jean Ven 10 Avr 2015, 07:09

L'atopie, une disposition génétique

L’atopie est une prédisposition génétique à une synthèse anormale d’Immunoglobuline de type E vis à vis de substance de l’environnement nommées allergènes. Ceci étant, une hypersensibilité dite immédiate comme nous venons de le voir, peut survenir chez n’importe qui en dehors d’un terrain atopique (communément appelé terrain allergique) du fait d’une exposition massive à l’allergène en cause et donc aux moustiques et leurs protéines salivaires de ce fait.

Dr.J.L.

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Message par Jean Ven 10 Avr 2015, 07:29

La dermite estivale (I)
le vrai, le faux et le peut-être...
Par le Dr Vét. Thierry Fuss, le Dr. J. Laurent, A.-M .Béa, et en collaboration avec l'Observatoire Animaderm



La dermite -ou dermatite- estivale récidivante Equine (DERE) fait partie des préoccupations de nombreux cavaliers, notamment à la belle saison, lorsque les symptômes réapparaissent, aggravant encore les dégâts de l'année précédente...
La dermite estivale pose maintes questions quant aux possibilités de traitement, au rôle de l'habitude prise par le cheval, aux causes héréditaires, psychologiques, alimentaires environnementales. Il semble en outre que la grande majorité des manifestations cutanées "étiquetées" comme dermite estivale soient bien souvent dûes à d'autres pathologies. En effet, ce n'est pas parce qu'un cheval se gratte l’été qu’il est atteint de la fameuse « dermite estivale "! « Dermite » est un mot fourre-tout et que l’on emploie communément lorsque les chevaux se grattent en saisons douces et chaudes. Mais il existe sous ce terme générique un très grand nombre de pathologies cutanées : dermites estivales, dermites d’été, gales des crins, gales d’été etc., et toutes ne sont pas la fameuse « Dermite Estivale Récidivante Equine », donc ne sont pas forcément inévitables ou définitives.
Cheval Savoir ouvre, sur deux numéros, le dossier noir de cette affection particulièrement complexe.


La dermatite estivale récidivante est une affection dermatologique de plus en plus fréquemment décrite chez le cheval, et qui fait couler beaucoup d'encre : certes, elle défigure le cheval et l'épuise, en même temps qu'elle mine le moral de son propriétaire. Les opinions divergent quant aux diverses possibilités de traitement par voie locale ou générale, le rôle de l'habitude prise par le cheval, les causes héréditaires, psychologiques, alimentaires environnementales.

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Dermite estivale récidivante
Lésions très typiques de la vraie dermite estivale récidivante © Observatoire Animaderm

La dermite estivale récidivante existe depuis toujours, puisque les anciens en parlaient sous le terme de "sérons". L'affection est cosmopolite, signalée de la Norvège à l’Australie en passant par le Japon ou encore l’Algérie. Elle est connue sous différents noms : « dermite d’été » ou « gale d’été » en France, « sweet itch », « summer dermatitis », « summer mange », « muck itch » par exemple à l’étranger. Salon les pays, elle peut toucher jusqu’à près de 30 % de chevaux (c’est le cas de l’Allemagne et de l'Australie). En France on parle de 10 % des chevaux vivant au pré atteints, avec une disparité en fonction des régions, le nord de la Loire et l’ouest (il ya même des pôles forts comme le nord et la région Rhône Alpes – grosses zones industrielles ou anciennement industrielles…ce qui ouvre des pistes à creuser) en particulier semblant plus touchés. Elle est caractérisée par des démangeaisons intenses, se manifestant plutôt à la belle saison et récidivant d’année en année. Elle causée par une réaction allergique à des piqûres d’insectes en particulier des Culicoides. La DERE est la réaction physique d’une faiblesse immunitaire de l’équidé.

Quels chevaux, quand, comment ?

Dans le cas de la vraie DRE (et nous verrons plus loin qu'un diagnostic différentiel doit être fait avec d'autres affections cutanées) les signes se manifestent en général dès l’âge de trois, voire deux ans, mais plus rarement avant un an. L’affection ne présente aucun caractère contagieux. C’est une dermatose saisonnière et récurrente qui débute au printemps, s’intensifie en été, s’atténue en automne pour disparaître en hiver. Le phénomène se répète tous les ans, et souvent s’aggrave d’année en année à tel point que dans certains cas, les lésions persistent en partie l’hiver. En effet, (la DERE ne peut apparaitre QUE lorsqu’il y fait 12° minimum le matin, degré minimal indispensable à la vie (ou survie) des culicoides. En dessous, ces parasites sont inexistants donc ne peuvent provoquer aucune réaction au cheval. Par contre, l’hypersensibilité du cheval atteint de DERE peut le rendre sujet à des réactions allergiques à d’autres nuisibles, hivernaux ceux-là.. En fonction des régions ce caractère saisonnier peut se décaler dans l’année et le répit hivernal disparaitre. La guérison spontanée est exceptionnelle.

«On ne peut pas vraiment parler d’hérédité mais plutôt d’une faiblesse immunitaire des parents et grand'parents, qui peut potentiellement affecter la descendance»

Il n’a pas été montré de prédisposition de sexe, de robe et de race, exception faite, selon certains auteurs, des poneys qui semblent y être plus sensibles (mais dans ce cas, il peut s'agir de démangeaisons dûes au surpoids, fréquent chez certains poneys de races nordiques).

En revanche, dans le cas de la DERE véritable, on ne peut pas vraiment parler d’hérédité mais plutôt d’une faiblesse immunitaire des parents et grands parents, qui peut potentiellement affecter la descendance. Mais encore là, ce n’est pas systématique. Deux poulains issus des mêmes parents ne développent pas systématiquement les mêmes problèmes cutanés. Dire qu’il y a une prédisposition peut être vraie, mais les gens font vite un raccourcis : « la DERE est héréditaire », ce qui en soit, n’est pas vrai car il n’y a pas de prédisposition génétique connue, au même titre que les allergies humaines d’ailleurs.

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Dermite estivale
Les crins sont d'abord ébouriffés, puis cassés. © L.Bataille

Cette dermatose est prurigineuse avec des démangeaisons parfois intenses. Les chevaux se frottent vigoureusement contre tout support accessible (arbre, poteau, râtelier…), se grattent avec les membres et se mordent parfois jusqu’au sang.…Parfois le cheval est simplement « agacé », s'agitant, remuant sa queue vigoureusement, se secouant la tête, en particulier aux moments où les insectes sont les plus actifs. Enfin, une perte de poids peut être observée.

L'on observe aussi des lésions de grattage et d’automutilation. Le caractère du cheval peut changer, devenant plus léthargique ou au contraire plus nerveux et difficile.

Les lésions sont plutôt localisées en région dorsale. Sont classiquement sont atteintes : la base de la queue, l’encolure et le garrot avec des crins abimés (crinière et queue), mais ceci peut s’étendre à la croupe, voire à la tête (et les oreilles, endroit où l’on observe d’ailleurs plus nettement les piqures causées, grâce à l’absence de poils). La région ventrale peut aussi être concernée le long de la ligne blanche mais aussi la ganache, voire les ars (souvent cette région est attaquée par d’autres insectes piqueurs car les culicoides préfèrent les zones à crins et/ou les zones horizontales).

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Dermite estivale
Sur la croupe de ce poney, atteint d'une DERE très ancienne, l'on voit clairement les zones où la peau est dépilée et « lichenifiée ». © L.Bataille

Les premiers signes physiques apparaissent précocement dès le début du grattage avec des plaques dépilées. Le poil est clairsemé, les crins sont ébouriffés, cassés puis se raréfient. La queue peut prendre un aspect en « queue de rat ». Sur la peau, des excoriations et des pellicules apparaissent (réaction de défense naturelle de la peau) rapidement puis les lésions s’aggravent avec des ulcérations, des croûtes. Au fil des ans, les poils ne repoussent plus et la peau reste épaissie et plissée (lichénification). Les lésions se surinfectent facilement accentuant encore les démangeaisons.

Les insectes se déplacent sur plusieurs kilomètres

Ces Culicoïdes sp. dont il existe plusieurs espèces se plaisent dans des conditions chaudes, humides et peu ventées. Seules les femelles sont hématophages (se nourrissent de sang). Les repas de sang et donc l’essentiel des attaques ont lieu au crépuscule mais aussi, dans une moindre mesure, à l’aube et parfois dans la matinée. Ces insectes peuvent se déplacer sur plusieurs kilomètres, en revanche, ils sont exophiles c'est-à-dire qu’ils vivent en dehors des habitations et des écuries .

Les troubles provoqués par ces moucherons sont liés à la façon dont ils se nourrissent : (ils piquent et créent une nappe de sang en dilacérant les tissus) mais surtout à des réactions allergiques à certaines protéines contenues dans leur salive. Il s’agit souvent d’une réaction d’hypersensibilité de type immédiate aux piqûres. Une réaction d’hypersensibilité retardée est également évoquée.

Les chevaux présentent des symptômes lors des attaques (ça pique !) et en permanence à cause de l’allergie (ça gratte !).

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Lésions de grattage dermite estivale
La peau est épaissie et les lésions de grattage saignent. © L.Bataille

Trouver l’allergène

Le diagnostic est essentiellement basé sur le caractère saisonnier la présence de démangeaisons sans caractère de contagiosité. On peut certes évoquer d’autres affections, notamment les gales.

La gale sarcoptique touche initialement la tête et le haut du corps mais s’étend par la suite. La gale psoroptique concerne la crinière et la queue. Elles sont très prurigineuses mais sont contagieuses et non saisonnières. L’infestation par les poux provoque des lésions semblables à la dermite estivale mais des parasites et leurs lentes peuvent être observées. L’oxyurose (parasites du tube digestif) provoque un prurit anal se manifestant par des crins cassés à la base de la queue mais il n’y a pas de lésion ailleurs. On peut également citer l’onchocercose mais cette dermatose moins prurigineuse concerne l’encolure et la ligne blanche, épargnant la queue. Des examens simples et des traitements antiparasitaires en cas de suspicion permettent d’éliminer relativement facilement ces hypothèses avant de se lancer dans des tests plus complexes. Enfin d’autres affections cutanées allergiques prurigineuses comme l’atopie peuvent être évoquées. (voir encadré 3)

Lorsque la dermite est débutante (première année, peu de lésions) elle peut être confondue avec d’autres dermatoses prurigineuses.

Avant la biopsie, une simple prise de sang et recherche d’allergènes saisonniers et non saisonniers donne une très bonne indication. Si le cheval est positif aux insectes saisonniers, on peut se pencher sur une éventuelle DERE. Dans le cas contraire, on s’oriente vers d’autres pistes (acariens, aliments…).

Une biopsie cutanée peut conforter le diagnostic ; même si l’examen histopathologique n’est pas probant, il permet d’éliminer certaines autres causes possibles. Des tests immunologiques en particulier des intradermoréactions, pas toujours disponibles ou validés peuvent permettre de préciser l’allergène mis en cause.

La prévention par des mesures simples

Les traitements possibles de la dermite estivale ont fait couler beaucoup d'encre.
Théoriquement, il n'existe pas à ce jour de véritable remède, et les mesures à prendre sont donc préventives et palliatives.

Le premier train de mesures consiste à éviter les piqûres d’insectes, le second à lutter contre les réactions d’hypersensibilité et l’inflammation.

Compte-tenu de l’activité des moucherons, il faut rentrer les chevaux du pré avant la tombée de la nuit et ne les ressortir que dans la matinée. Même si les culicoides sont exophiles, il faut munir les ouvertures de moustiquaires à fines mailles et imprégnées d’insecticide ou d’y placer des ventilateurs gênant le vol des insectes et surtout, créant des zones de température plus fraîche qui ne conviennent pas à l'insecte. L’application d’un insecticide topique sur le cheval ainsi que de solutions huileuses ou répulsives interférant avec les déplacements et la nutrition des moucherons peuvent être utiles. Par ailleurs, il existe des couvertures moustiquaires recouvrant tout le corps, aérées pouvant être supportées en été par le cheval, limitant les piqures d’insectes. Enfin, un déménagement est parfois salutaire…

«A l'écurie, il est utile de créer des zones de température plus fraîche, qui ne conviennent pas à l'insecte»

Il faut penser à limiter dans l’environnement les « postes de grattage » possibles (poteaux, mangeoires) ainsi que les sites favorables au développement des insectes (lieux humides, chauds et abrités du vent, mares, abreuvoirs abandonnés, fumier mal géré…).

Pour lutter contre l’inflammation et la réaction d’hypersensibilité, l’utilisation de corticostéroïdes (cortisone) serait souveraine car ils ont à la fois une action sur l’inflammation et les phénomènes immunitaires. Malheureusement, en raison de leurs effets secondaires et en particulier du risque de fourbure, ils ne constituent pas une solution à long terme. L’usage des antihistaminiques et des acides gras essentiels, utiles dans d’autres espèces, semble décevant chez le cheval.

Les soins locaux consistent en un nettoyage des plaies suivi de l’application de solutions antiseptiques et antiprurigineuses.

Des essais d’hyposensibilisation (désensibilisation) ont été effectués avec des résultats mitigés. Cependant compte-tenu des phénomènes mis en jeu dans cette dermatose, c’est de l’immunologie que viendront sûrement des solutions efficaces tant pour le traitement que pour le diagnostic.

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Message par patou74 Ven 10 Avr 2015, 07:53

Merci Jean très instructif !Les insectes qui attaquent les chevaux ... (Par Alain-Michel BEA) 1254281889
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Message par Logisdesbois Ven 10 Avr 2015, 08:24

La piste intéressante du surpoids ou alimentation excessive en protéines est intéressante. J'ai en effet constaté avec d'autres propriétaires qu'en faisant attention à l'apport de protéines (par exemple l'herbe de printemps en est très riche !) on peut limiter les dégats de la dermite.
Il y a quand même aussi des "terrains familiaux", certaines lignées de chevaux sont plus sensibles, même si on n'a pas pour l'instant trouvé pourquoi...
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Message par Thalie Ven 10 Avr 2015, 08:45

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