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Trop gros ou trop maigre ? [Cheval Mag n°320]

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Message par gebouye Mar 15 Nov 2016, 13:18

Cheval Mag n°320 - Juillet 1998 - dossier vétérinaire :

Trop gros ou trop maigre ? Trouver et garder le juste poids

Comme les humains, les chevaux ont parfois des problèmes de poids. Souvent trop gros, plus rarement sous-alimentés, ils ne sont pas toujours à leur poids de forme optimum. Comment estimer l'embonpoint de son cheval pour mieux ajuster le volume de sa ration, c'est ce que vous propose ce mois-ci notre vétérinaire.

Le poids idéal n'existe pas. Il existe néanmoins un poids de forme qui se situe dans une fourchette variant en fonction de la race et de la morphologie de chaque cheval. Les différents cas particuliers que sont les poulains en phase de croissance, la poulinière gestante ou le cheval âgé doivent, bien entendu, être considérés à part.

Afin de déterminer de manière aussi objective que possible si un cheval est trop gros ou trop maigre, des chercheurs de l'I.N.R.A. ont développés une technique  quantitative d'appréciation de "l'état corporel" des chevaux (de plus de 18 mois), sur le modèle de ce qui existait déjà chez les bovins.

Le but recherché est de permettre au particulier d'évaluer le plus précisément possible l'état des "réserves corporelles" le gras), afin de savoir si l'apport alimentaire est ajusté aux besoins du cheval. L'idée directrice est d'attribuer une note allant de 0 (pour les chevaux les plus maigres) à 5 (pour les chevaux les plus gras). Cette notation repose sur la double appréciation, visuelle et manuelle (palpation du tissu adipeux, c'est-à-dire du "gras"), de sept points anatomiques déterminés et évalués systématiquement. L’appréciation de chaque point est plus ou moins visuelle ou manuelle. Elle dépend de caractéristiques propres à chacun d'entre eux. Pour mieux comprendre, nous vous proposons de vous appuyer sur le tableau ci-dessous :

Point anatomique Type d'appréciation Caractéristique évaluée
EncolureManuelle et visuelle"Chingnon" : dépôt adipeux sur le bord supérieur de l'encolure
GarrotManuelle et visuelleGarrot plus ou moins saillant
Arrière de l'épauleSurtout manuelleDépôt adipeux
Ligne du dosSurtout visuelleVertèbres plus ou moins saillantes
CôtesManuelle et visuelleCôtes plus ou moins apparentes
CroupeSurtout visuelleRebondie ou, au contraire, pointue
Attache de queueSurtout manuelleVertèbres plus ou moins saillantes et présence d'un "coussin" adipeux


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Est également cité l'état du poil comme huitième point, bien qu'il ne soit pas des plus fiables. Ainsi l'examen de tous ces points donne une note globale d'état corporel. Par exemple, une note de 5 correspondra successivement à un chignon arrondi, un garrot noyé par 2 faces latérales bien rondes, une masse de gras importante derrière l'épaule, une ligne du dos disparue dans la masse, des côtes invisibles car recouvertes de gras, une croupe rebondie, une attache de queue entourée d'un épais "coussin" de graisse et un poil brillant.

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Tous les détails se trouvent dans un guide pratique édité par l'institut de l'élevage, une excellente publication que nous vous recommandons chaudement. Enfin, un état corporel adapté permettant d'exploiter au mieux les capacités d'un cheval, il a été déterminé des notes optimales en fonction de la période physiologique ou du type de performances demandées. Ces indications, ainsi que ce nouveau système de notation, vont permettre à présent à tout un chacun de vérifier si l’alimentation de son cheval est adaptée ou non à son cas particulier.

Inégaux devant la prise de poids
Un cheval trop gros mage trop. Soit il ingère de trop grandes quantités, soit son alimentation est trop riche en énergie. A volume égal, certains produits sont, en effet, beaucoup plus énergétiques que d'autres. Les granulés vendus dans le commerce, l'avoine ou l'orge sont, par exemple, beaucoup plus riches que le foin. De plus, en fonction de leur race, les chevaux sont inégaux devant la prise de poids. C'est en général un biotope particulier qui a forgé une race donnée. Ainsi, les poneys shetland sont devenus ce qu'ils sont, c'est-à-dire de tous petits chevaux qui se contentent de peu de nourriture, à cause des îles désertiques et battues par les vents où ils se sont développés. Les shetlands, comme de nombreuses races de chevaux rustiques, sont donc programmées pour se contenter de fort peu e nourriture. Lorsqu'on les soumet aux excès alimentaires liés à une herbe bien grasse, ils souffrent. A l'inverse, un pur-sang nécessitera un suivi alimentaire précis afin d'éviter tout risque de carences, en particulier pendant la croissance.

L'apport nutritionnel doit être étudié en relation, d'une part, avec l'exercice physique demandé et, d'autre part, avec le stade physiologique du cheval (croissance, gestation, etc.). Mal manger peut favoriser, voire induire, des troubles pathologiques, et ceci aussi bien dans le cas d'un excès que d'une insuffisance (en quantité mais aussi en qualité) alimentaire.

Ainsi, l'obésité est néfaste pour les chevaux. Bien qu'elle ne constitue pas une maladie en soi, elle est responsable du développement de certaines pathologies. Outre les boiteries, favorisées par l'excès de poids, voici 3 maladies graves provoquées par une alimentation trop riche.

La fourbure
La première d'entre elles est la fourbure. Elle consiste en une nécrose du tissu vivant (le podophylle) qui sécrète la corne du sabot. Elle se traduit, en général, au niveaux des pieds antérieurs par une grande douleur, le cheval ayant beaucoup de difficultés à marcher. La souffrance est si intense qu'il faut parfois envisager d'euthanasier l'animal. Cette maladie laisse souvent des séquelles permanentes. Bien qu'il existe d'autres cause à la fourbure, l'excès alimentaire en grains est souvent le facteur déclenchant.

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Le mécanisme est le suivant : l'excès de concentrés dans l'intestin entraîne une fermentation et la production de toxines qui vont passer dans le sang. Ces toxines vont avoir pour effet de "fermer" les vaisseaux sanguins nourrissant le podophylle, tuant ce tissu très fragile. La fourbure "alimentaire" est très fréquemment rencontrée chez le poney trop gros, au printemps ou en automne, lors de la pousse de la nouvelle herbe (alors très riche en hydrates de carbone, c'est-à-dire en "sucres").

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Le coup de sang
Le "coup de sang", ou "maladie du lundi", est aussi lié à une suralimentation. Elle survient lorsque le cheval est mis au repos mais continue à recevoir la même ration que s'il travaillait. Les symptômes apparaissent dès que le cheval reprend le travail, si cette reprise est trop brutale. Le cheval marche avec raideur, notamment au niveau de ses muscles dorsaux.

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Il arrive que l'animal ne puisse presque plus bouger. On peut remarquer, dans les cas les plus graves, l'émission d'une urine de couleur rouge foncé. Le mécanisme de cette affection est encore controversé. On a incriminé un stockage excessif de glycogène dans les muscles. Ce combustible est fabriqué grâce aux sucres présents en abondance dans les concentrés. Un effort musculaire trop violent entraîne la production d'acide lactique à partir du glycogène, ce qui provoquerait l'apparition des symptômes. Pour éviter les coups de sang, il faut donc veiller à diminuer les rations en concentrés des chevaux mis au repos, même passagèrement.

L'hyperlipémie
Enfin, rencontrée principalement chez les poneys trop bien nourris, l'hyperlipémie est une maladie encore peu connue. Elle apparaît paradoxalement chez les animaux gras, lorsqu'on diminue brutalement leur niveau d'alimentation. Cela entraîne un manque de sucres dans le sang et une augmentation simultanée des graisses. Or, pour être consommées, les graisses doivent se combiner à des sucres. Ainsi, si le sucre manque, les graisses s'accumulent dans l'organisme. Elles vont provoquer de graves dégâts dans différents organes, et tout particulièrement au niveau du foie. C'est une affection grave dont peu d'animaux réchappent.

Les 3 maladies que nous venons de décrire sont graves. Toutefois, il est inutile de s'alarmer car elles ne surviennent qu'en cas de très grossières erreurs de suralimentation. En étant un minimum informé et prudent, on doit pouvoir éviter de tels désagréments à sa monture.

Quantité et qualité de la nourriture
Analysons à présent le cas du cheval trop maigre. On divise sommairement en deux les causes d'amaigrissement d'un cheval, selon qu'elles relèvent de troubles digestifs ou non. Dans la "famille" des troubles digestifs, la malnutrition est la plus fréquemment rencontrée.

Soit le cheval ne mange pas assez en quantité, soit la qualité de ce qu'il reçoit est insuffisante. Un excès de fourrage grossier (de la paille en particulier) entraîne un manque relatif de concentrés. Tout se passe comme si les fourrages "prenaient la place" des concentrés dans le tube digestif du cheval. Ces aliments étant moins bien assimilés, le cheval va maigrir.

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On retrouve également des insuffisances de qualité sanitaire : des aliments moisis, contaminés par des toxiques ou des bactéries pathogènes. Enfin, on relève des alimentations carencées en minéraux, en vitamines ou encore en oligo-éléments. Ces manques sont d'autant plus graves qu'il s'agit de jeunes chevaux en croissance. L'apparition d'une affection articulaire assez commune, comme l'ostéochondrose, est, par exemple, étroitement liée à un déséquilibre entre l'apport de calcium et celui de phosphore. Les rations trop riches en concentrés (avoine, orge, etc.) provoquent ce genre de déséquilibre. Elles peuvent être à l'origine de lésions des cartilages articulaires avec distension articulaire et/ou boiterie, chez les pur-sang, par exemple.

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Dans le même ordre d'idée, ne carence en cuivre peut favoriser chez les jeunes poulains des déformations des membres parfois sévères (genoux cagneux en particulier).

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Au rang des troubles digestifs pouvant entraîner un amaigrissement, il faut toujours penser aux troubles dentaires, aux parasites intestinaux (les vers), aux diarrhées, aux ulcères gastriques, aux coliques chroniques ou encore aux tics (aérophagique). Il arrive également qu'un cheval perde de l'état sans que son système digestif ne soit en quoi que ce soit malade. C'est le cas, par exemple, lors d'évolution d'infections chroniques (leptospirose), de tumeurs, d'insuffisance rénale, d'insuffisance cardiaque, d'intoxication ou encore de problèmes de hiérarchie dans le troupeau.

Quel régime pour son cheval ?
Une diététique soignée est donc la pierre angulaire de la bonne santé du cheval. Mais comment faire ? Il existe quelques règles simples à respecter, des choses à faire et d'autres à ne pas faire.

Tout d'abord, chaque cheval doit recevoir au maximum 70% du volume de sa ration sous forme d'aliments concentrés, les 30% restant étant donnés sous forme de fourrage. Si on raisonne en terme de poids, plutôt que de volume, le foin doit alors représenter 50% des apports... Nous n'insisterons jamais assez sur ce point : un cheval ne peut pas se passer de fourrage. Il lui faut absolument 1% de son poids corporel en fourrage, afin de lui assurer un bon fonctionnement digestif et mental.

Lorsqu'il est mis au repos, le cheval ne doit presque plus recevoir que du foin de bonne qualité. Nous avons vu qu'un cheval qui ne travaille plus souffre d'être alimenté avec des aliments concentrés trop énergétiques. Lors de la reprise du travail, les aliments concentrés seront réintroduits progressivement.

Parmi les erreurs à ne pas commettre, la plus fréquente est de modifier trop rapidement le régime alimentaire de sa monture. Cela provoque des troubles digestifs (coliques, diarrhées) ou encore une perte d'appétit.

Il faut également éviter de nourrir son cheval avec des aliments poussiéreux, afin de ne pas provoquer de troubles respiratoires. De la même façon, il ne faut pas donner d'aliments sales ou moisis. Le stockage des aliments doit être soigneusement étudié et surveillé. Pour éviter que certains chevaux n'absorbent leur ration trop rapidement, on peut disposer une grosse pierre dans leur auge. Ceci évite la formation de bouchons alimentaire au niveau de l’œsophage.

L'eau doit être donnée à profusion mais sans excès. Elle doit être propre et à température raisonnable.

L'alimentation de nos animaux de compagnie évolue sans cesse. Si l'apparition des aliments composés (comme les granulés) a provoqué une véritable révolution dans les habitudes des hommes de chevaux, il est probable que nous connaîtrons d'autres révolutions. Il ne faudra alors jamais perdre de vue la physiologie te l'éthologie du cheval. On évitera peut être ainsi des erreurs catastrophiques, comme celles qui ont conduit à la maladie de la vache folle ...

NB : les illustrations sont des images que j'ai récupéré sur le net.
gebouye
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